Test de bio-impédance : Un outil fiable pour mesurer le % de gras ?

La bio-impédance est un outil souvent utilisé par les entraîneurs pour évaluer la composition corporelle, surtout chez les athlètes. Cet appareil permet d’estimer facilement la proportion de masse maigre (comme les muscles) et de masse grasse. La bio-impédance est populaire parce qu’elle est rapide, non invasive et facile à utiliser. Toutefois, il reste essentiel de connaître son mode de fonctionnement et ses limites pour tirer une interprétation juste des résultats.
Comment ça fonctionne ? Le principe de la bio-impédance
Le corps humain est constitué de différents types de tissus, chacun ayant une conductivité électrique unique.
Globalement, la masse maigre, qui comprend les muscles, les os, et l’eau, est un meilleur conducteur d’électricité que la masse grasse. Cela s’explique par le fait que la masse maigre contient environ 73 % d’eau et des électrolytes, favorisant ainsi la transmission du courant (Kyle & Bertz, 2004). En revanche, la masse grasse, avec sa faible teneur en eau, offre plus de résistance au passage du courant.
L’appareil de bioimpédance mesure donc cette résistance (R) du passage de courant au sein de la masse grasse et utilise des équations complexes pour estimer la composition corporelle. Plus la résistance est élevée, plus la proportion de masse grasse est importante, tandis qu’une faible résistance indique une plus grande quantité de masse maigre (Chumlea, Guo, Roche, & Siervogel, 1998; ISAK, n.d.).

Le test de bio-impédance est-il 100 % fiable ?
Malgré sa grande popularité, il est important de comprendre que la bio-impédance n’est pas une méthode parfaite et qu’elle comporte une marge d’erreur plus importante qu’on ne le pense. Pour l’estimation du pourcentage de masse grasse (% de gras), l’erreur peut atteindre environ ±4 % (Kyle & Bertz, 2004). Concrètement, cela signifie qu’un athlète ayant un résultat de 15 % de gras pourrait en réalité être à 19 %, et inversement.
Plusieurs facteurs influencent la précision des mesures, notamment :
- L’hydratation
L’hydratation joue un rôle central dans la précision des résultats de la bio-impédance. Comme l’appareil mesure la résistance du courant électrique dans le corps, la quantité d’eau présente influence directement la mesure. Quand une personne est déshydratée (après un effort intense, une sudation importante ou simplement un manque d’apport en eau), la masse maigre contient moins d’eau et offre donc plus de résistance. L’appareil interprète cette résistance accrue comme une proportion plus élevée de masse grasse, ce qui fausse les résultats en les surestimant. À l’inverse, si la personne est très hydratée (ex. après avoir bu beaucoup d’eau), le courant passe plus facilement. L’appareil peut alors sous-estimer la masse grasse et donner l’impression d’un pourcentage de gras plus bas qu’en réalité. C’est pourquoi il est recommandé d’effectuer la mesure dans des conditions stables (ex. au réveil, à jeun, après avoir bu une quantité d’eau habituelle)
- L’alimentation et l’activité physique
Les repas récents ou l’exercice peuvent temporairement modifier les niveaux d’eau dans le corps. Ces variations affectent directement la précision des mesures, expliquant pourquoi les résultats peuvent différer d’un moment à l’autre de la journée.
- La qualité de l’appareil
Les dispositifs moins sophistiqués, comme ceux intégrés dans les balances de maison, peuvent fournir des résultats moins précis comparativement aux machines professionnelles.

Conclusion
La bio-impédance reste un outil utile pour obtenir une estimation rapide de la composition corporelle. Cependant, il faut tenir compte de sa marge d’erreur, notamment pour les personnes ayant des niveaux d’hydratation fluctuants. Pour des résultats plus fiables, il est souvent recommandé de combiner cette méthode avec d’autres techniques de mesure, comme les plis cutanés ou les analyses DEXA.
Ce type de mesure peut aider à suivre des changements à long terme, mais il demeure essentiel de ne pas se baser uniquement sur ces chiffres pour évaluer la santé globale d’un individu.

Liste de référence:
Chumlea, W. C., Guo, S. S., Roche, A. F., & Siervogel, R. M. (1998). The accuracy of bioelectrical impedance analysis in estimating body fat percentage in children and adolescents. American Journal of Clinical Nutrition, 67(2), 368-374.
Kyle, U. G., & Bertz, R. J. (2004). Bioelectrical impedance analysis: A review. Obesity Reviews, 5(2), 101-114.
International Society for Advancement of Kinanthropometry (ISAK). (n.d.). ISAK Standards for the Assessment of Body Composition. https://www.researchgate.net/publication/333585249_Standards_for_Anthropometry_Assessment